En décembre 1942, Nicholas John Spykman publia un compte-rendu critique sur deux ouvrages récents publiés par Robert Strausz-Hupé d’une part et par Johannes Mattern de l’autre. Cette recension le conduisait à réfléchir au sens du terme Geopolitics (Géopolitique), tel qu’il était alors utilisé. Il déplorait que le terme soit appliqué à au moins trois processus intellectuels distincts qui, pensait-il, devraient rester séparés et décrivait le sens de ceux-ci tels qu’il les comprenait.
Le premier sens était synonyme de géographie politique, c’est-à-dire une science sociale ayant pour objet «l’étude des relations entre les phénomènes géographique et politiques et de l’expansion et de la contraction des états.» (Spykman 1942, 598).
Le deuxième sens désignait une forme d’analyse géographique, c’est-à-dire le “type d’analyse qui doit inévitablement précéder la formulation et l’exécution de politiques des politiques impliquant un choix du lieu de l’action et une prise de conscience des propriétés des relations spatiales.” C’était là, pensait-il, «une des activités intellectuelles les plus fondamentales” et « les hommes d’État avisés en font une partie intégrante de leur stratégie politique en temps de paix, ainsi que de leur stratégie militaire en temps de guerre. »(Spykman 1942, 599)
Un troisième sens désignait la Geopolitik allemande, c’est à dire “une philosophie politique, une théorie sur la nature de l’État et une doctrine sur le besoin et le caractère désirable de l’expansion territoriale.” (Spykman 1942, 599)
Source:
Nicholas John Spykman, « Review of Geopolitics: The Struggle for Space and Power ; Geopolitik: Doctrine of National Self-Sufficiency and Empire; » Political Science Quarterly, 1942, vol. 57, no 4, p. 598‑601.